Bonjour à toutes et tous,
Je dédie cette pensée colorée à mon fils qui vient de prendre son envol. La comète Joseph a atterri à Singapour :)
Certaines personnes ont besoin de voir pour croire, d'autres accèdent à cette part d'invisible d'emblée. Ils arrivent à voir et concevoir l'éblouissant paysage qui n'a jamais été vu, qui se trouve loin de leur regard et qui pourtant existe...
Sous d'autres cieux il y a des ciels bleus permanents, des gens heureux, des gens en paix, d'autres qui secourent les victimes de guerre.
Sous d'autres cieux il y a des gens qui oublient leurs problèmes personnels et mettent leur énergie et leur force à apporter aide et réconfort à nombre de gens.
Cette part de choses que l'on ne peut imaginer ni concevoir, étant limité à notre périmètre d'expérience immédiate me fait penser à l'allégorie de Platon dans "Le mythe de la caverne".
À l'expérience des prisonniers enchaînés dans cette grotte, tournant le dos à la lumière et ne voyant que l'ombre des choses qu'ils prennent de fait pour l'unique réalité.
En voici ci-dessous son texte:
"...Derrière eux se trouvent un feu et, entre ce feu et eux-mêmes, un muret de la hauteur d'un homme. Devant ce muret, des gens vont et viennent en portant des objets sur la tête. L'ombre de ces objets est projetée sur le mur de la caverne et les prisonniers entendent les voix des gens qui passent renvoyées par l'écho. Ainsi, dit Platon, ce que les prisonniers perçoivent, ce qui constitue leur expérience, ce sont ces ombres et ces échos. Dans leur situation, ils prennent naturellement les ombres et les échos pour la réalité. Si ils s'exprimaient, tous leurs discours se référeraient à l'expérience qu'ils ont de la réalité.
Si l'un des prisonniers se libérait de ses chaînes, il serait tellement engourdi par son immobilisation dans l'obscurité que le seul fait de se retourner lui causerait de la douleur et que la lumière l'éblouirait. Il resterait interdit, sans comprendre, et souhaiterait revenir à son état antérieur, face au mur où s'agitent les ombres, seule réalité qu'il comprenne. Si on le tirait hors de la caverne, la lumière du jour l'aveuglerait, il serait effarouché et il faudrait beaucoup de temps avant qu'il devienne capable de voir et de comprendre quoi que ce soit.
Mais alors, après s'être habitué au monde supérieur, s'il devait retourner dans la caverne, il n'y verrait plus rien à cause de l'obscurité. Tout ce qu'il raconterait de son expérience aux autres prisonniers leur serait inintelligible, à eux pour qui le réel est constitué d'ombres et d'échos.
Comme l'exprime Bryan Magee, pour comprendre cette allégorie il faut se souvenir que, en tant qu'hommes, nous sommes prisonniers de notre corps et que nous avons pour compagnons d'autres prisonniers. Nous sommes tous incapables de discerner ce que les autres sont véritablement, et notre propre personne nous demeure invisible. Notre expérience immédiate ne porte pas sur la réalité, mais sur l'idée que nous en avons.”
En espérant que cette nouvelle peinture vous apporte joie, lumière et d'autres cieux :)
Bien à vous,
Anne Turlais